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Lettre du Commandant de la Division de Constantine – XIXème Corps d’Armée au Préfet

Date:

20.02.1914

Keyword:

קטטה (Rixe)

Nom du fonds d’archives:

Aix-en-Provence

Folder Number:

AEP_B3_248_039 to AEP_B3_248_041

Description

Lettre du Commandant de la Division de Constantine au Préfet au sujet des incidents survenus entre tirailleurs et israélites et de l’interdiction légale des tirailleurs d’entrer dans le quartier juif de la ville.

” Le Général Leguay, Commandant de la Division de Constantine à Monsieur le Préfet du Département de Constantine.

Vous avez eu certainement connaissance des rixes qui se sont produites dans la soirée du 7 février entre tirailleurs et israélites.
De l’enquête faite à ce sujet, il résulte que des tirailleurs isolés se promenant dans le quartier juif ont été assaillis, semble-t-il sans provocation, par de nombreux israélites et brutalement frappés à coup de matraque et de couteau. L’un d’eux a même été atteint d’une balle de révolver.

Indépendamment des suites judiciaires que comporte cette agression et pour éviter le retour de faits regrettables, je désire, conformément aux ordres de M. le Général Commandant le 19ème Corps d’Armée, fixer, de concert avec vous, les conditions dans lesquelles peuvent être réglées les rapports entre les militaires indigènes et la population israélite.
A la suite de rixes graves, l’autorité militaire avait décidé, il y a plusieurs années, d’interdire aux soldats indigènes l’accès du quartier juif. Avec le temps, ces prescriptions ont été quelque peu perdues de vue. Il ne vous échappera pas d’ailleurs qu’elles ont actuellement un caractère suranné et par trop rigoureux.

Il est difficilement admissible qu’une partie de la population de Constantine, qui jouit de tous les droits des citoyens français, ait, en outre, le privilège de transformer une partie des voies publiques en région interdite.

L’application stricte d’une pareille règle entraînerait, du reste, une foule de difficultés d’ordre pratique; il est clair, en effet, que, pour le service, les tirailleurs doivent pouvoir traverser le quartier juif, comme les autres quartiers de la ville.

J’estime donc qu’il n’y a pas lieu de perpétuer une situation anormale et qu’il convient d’adopter une formule nouvelle, qui pourrait être la suivante :
L’accès des cabarets, débits de boissons, maisons de tolérance du quartier israélite sera interdit aux militaires indigènes; il sera entendu que ceux-ci pourront traverser le quartier juif, soit pour se rendre à un autre point de la ville, soit pour motif de service, soit pour y faire des achats dans les maisons autres que celles énumérées ci-dessus.

J’espère que vous partagerez ma manière de voir et je vous serai obligé de me faire connaître votre opinion à ce sujet, après avoir pris, si vous le jugez à propos, l’avis de M. Le Maire de Constantine, qui est également intéressé dans la question.

Leguay”

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